C’est le chaos !
Tu écoutes un podcast d’une heure, et on t’y conseille trois livres. Ils ont l’air passionnants, et tu commences à les lire.
Mais dès le troisième chapitre du premier, on t’en recommande déjà deux autres, en plus de te faire découvrir un expert qui semble avoir une chaîne YouTube intéressante.
Tu ajoutes donc les deux livres supplémentaires à ta liste, et tu commences à regarder les vidéos de la chaîne en question.
Et dès la première vidéo, on te parle d’une idée qui te semble fascinante, mais avec laquelle tu n’es pas familier. Tu fais quelques recherches Google pour en savoir plus, et tu sauvegardes trois articles et cinq pages Wikipédia que tu n’auras pas le temps de lire tout de suite.
Tout avait commencé avec un simple podcast de soixante minutes…
Et tu te retrouves maintenant avec deux podcasts en plus à suivre, trois livres à lire, quinze vidéos à regarder, trois articles à étudier, et cinq pages Wikipédia à fouiller !
En bref : une heure de contenu s’est transformée en vingt, trente, ou peut-être même cinquante heures possibles.
Mais c’est loin d’être fini…
Si tu écoutes tous ces autres podcasts qu’on t’a conseillés, si tu lis tous ces livres, si tu regardes toutes ces vidéos… Et que tu continues ensuite à lire ou à regarder les contenus qu’on t’y conseille à nouveau…
Et encore et encore…
Alors ces vingt à cinquante heures peuvent rapidement se transformer en deux cents, cinq cents, mille, ou peut-être même cinq mille heures de consultation.
C’est exponentiel. Et ça fait toucher la notion d’infini.
En d’autres termes, c’est un trou sans fond. Un cercle vicieux. Un piège.
Ça n’offre que trois choix :
Le premier, c’est de refuser d'accepter qu’il s’agit d’un trou sans fond, et de vivre dans l’anxiété permanente d'être en train de rater quelque chose… Jusqu’à mettre de côté sa vie de famille et ses projets.
Et à force d’avoir peur de rater des infos, se mettre à rater sa vie.
La deuxième consiste à tenter de créer un ordre dans ce chaos.
Ça peut se traduire par la mise en place d’un système de notes complexe, avec des tags, des métadonnées, et toutes sortes de systèmes avancés… Alors qu’on n’aura jamais le temps d’exploiter ces notes par la suite.
On le fait pour se rassurer. Pour se donner l’impression d’avoir gardé un peu de contrôle au milieu de cette infinité de contenus.
Le troisième choix, c’est le plus simple : il s’agit juste de laisser tomber.
D’avoir la lucidité de se dire que c’est impossible de venir à bout de tout ça. Autant se détendre, donc, puisqu’on sait que rater la plupart des contenus qui peuvent nous intéresser, c’est inévitable.
Les plateformes font tout ce qu’elles peuvent pour nous donner l’impression qu’on va passer à côté d’informations cruciales si on ne reste pas dessus dix minutes de plus. Puis encore une heure de plus. Puis encore une demi-journée de plus.
Si on se laisse prendre à leur jeu, c’est notre vie qu’on leur donne. Et c’est d’ailleurs précisément leur but.
En choisissant la troisième option, on peut aussi consulter du contenu de façon différente. De façon lente. De façon plus profonde.
Il s’agit d’écouter dix minutes d’une vidéo d’un créateur qui nous a déjà apporté beaucoup, et de voir quels déclics ça nous amène.
De réécouter ensuite ces mêmes dix minutes. D’abandonner complètement l’idée de passer à autre chose après.
Puis d’appuyer sur pause, d’aller faire une promenade, et de laisser macérer ou mûrir les idées qu’on a trouvées dans ces dix minutes de vidéo. De se les approprier. De voir quelles pistes ou quels déclics elles peuvent nous apporter pour nous aider à améliorer notre existence, ou pour comprendre quelque chose sur soi.
L’idée n’est pas de presser un contenu comme un citron pour en extraire le plus d’infos possible. Au contraire : il s’agit d’en prendre une goutte, et de s’en imprégner en profondeur.
Plus personne ou presque ne fait ça, à cause du torrent de contenus sous lequel on croule. Les gens ont peur de rater quelque chose, alors ils passent à la vidéo d’après, à l’article d’après, au podcast d’après, le plus rapidement possible, sans en retenir grand-chose.
Pourtant, on progresse bien mieux en ignorant ce flux infini d’informations, en n’essayant pas de tout voir ni de tout lire. Mais en choisissant juste un passage, une phrase, une ou dix minutes de vidéo… et en s'en imprégnant en profondeur.
C’est aussi l’un des moyens les plus faciles de s’offrir un peu de sérénité dans ce monde qui nous donne tellement peu d’occasions d’en avoir.
📷 La photo du jour :
Chacha vous dit bonjour ! Je sais qu'elle n'a pas un nom très original...
C'était un chat qui traînait autour de ma maison quand je l'ai achetée, et qui s'entend maintenant plutôt bien avec les trois autres.
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