Ces derniers jours, j’ai publié une série de portraits de créateurs du web.
Il y avait celui du requin du web, du procrastinateur de l’extrême, du copieur, du premier de la classe, de la mouche, et du faux riche.
J’ai été un peu dur avec certains, et c’est la raison pour laquelle je vais terminer cette série en dressant mon propre portrait,pour équilibrer les choses.
Mais forcément, l’exercice risque d’être un peu plus difficile… Et ça fait toujours bizarre d'écrire à la troisième personne.
On y va :
Jean Rivière, c’est quelqu’un qui est content de lui quand il ne fait pas les choses comme les autres.
Il s’est lancé sur le web à une époque où c’était vraiment peu commun d’en vivre. Et si c’était à refaire aujourd’hui, il aurait choisi une autre voie, parce que celle là n’est plus originale du tout.
Il est parti vivre sur les routes à une époque où Airbnb n’existait pas, et où « Digital Nomad » n’était pas encore dans le dico. Si c’était à refaire aujourd’hui, il ne serait pas parti, parce qu’il y a trop de monde qui fait ça de nos jours. Ça a perdu tout son charme.
Il s’est installé à la campagne au fin fond d’un village roumain quand tout le monde partait vivre à Dubaï. Il s’est remis à écrire quand tout le monde arrêtait de le faire à cause de l’arrivée de ChatGPT. Il a investi en tout et pour tout 25 centimes de dollars en crypto (pour pouvoir dire qu’il l’a fait), parce que tout le monde en achetait.
Ce qui le fait vibrer, la seule chose qui compte vraiment pour lui, c’est d’inventer sa propre voie. D’être tout seul dans son truc.
Et ce qui ne fait aucun sens, c’est qu’il apprend à son audience à faire les mêmes choses que lui. Et dès que les gens appliquent ce qu’il enseigne, il arrête tout et il part dans autre chose. Parce que rien ne compte plus pour lui que de faire son truc dans son coin. Le succès, l’argent, la reconnaissance, rien de tout ça ne lui apporte autant de plaisir que la satisfaction de tracer sa propre voie.
C’est ridicule, et il le sait très bien. Mais c’est comme ça qu’il fonctionne.
Il a fait des choix complètement absurdes, il a perdu beaucoup d’argent, il a détruit plusieurs fois ce qu’il avait mis des années à bâtir… Juste pour ne pas faire partie du mouvement général, et faire son truc à lui.
Mais ce n’est pas fini…
Jean Rivière a un autre besoin : celui d’être constamment en train de construire quelque chose. Ce n’est pas le résultat final qui compte pour lui, c’est la création. La planification. Et le travail en lui-même.
Lors de ces dix dernières années, il est resté en moyenne moins de deux ans au même endroit. Il ne tient pas en place. Parce que dès que quelque chose est fini, le projet est terminé. Et comme c’était le projet qui l’intéressait et pas le résultat, il casse tout ou il vend tout, et puis il passe au défi suivant.
Il a rénové un chalet en Transylvanie, monté un établissement en Thaïlande, construit une maison en bois eu Cambodge, rénové deux fermes en Roumanie, aménagé un appartement… Tout ça dans les dix dernières années.
Le problème, c’est qu’il fait pareil avec son activité : une fois que quelque chose est construit et fonctionne, ça ne l’intéresse plus, et il passe à autre chose.
L’avantage, c’est qu’il a pu accumuler beaucoup d’expérience. Mais aujourd’hui, il essaye d’apprendre à apprécier rester en place. Et c’est tout un projet… Le plus difficile qu’il n’a jamais eu à mener.
Jean Rivière est solitaire. Il a besoin de calme. Il déteste dépendre de quelqu’un ou de quelque chose. Son idéal de vie, celui qu’il aimerait réaliser (il en est encore très loin), c’est celui du moine isolé, ermite, qui arrive à être heureux sans rien désirer.
Bref, Jean Rivière est un peu pété du cerveau. Mais il essaye de faire avec.
📷 La photo du jour :
La ferme que je suis en train de rénover.
J'ai trouvé mon paradis : c'était plus simple que prévu...
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