Le faux riche


Le milieu du business en ligne est rempli de faux riches.

Les faux riches, ce sont des créateurs qui vivent du RSA ou presque, et qui s’inventent une vie remplie de paillettes et d’argent pour essayer de convaincre les gogos d’acheter leurs services.

Parmi les absurdités qu’on a pu voir lors des années passées :

– Prendre la pose devant une voiture de luxe exposée en concession auto, comme si c’était la sienne.

– Faire la tournée des grands hôtels pour faire des photos dans l’entrée et faire croire qu’on y dort.

– Louer une villa pour une ou deux nuits (dans un pays pauvre), en laissant penser qu’on y habite.

– S’inventer des clients qui n’existent pas, et proclamer qu’on a généré tant de millions de chiffre d’affaires pour eux lors des trois derniers mois (c’est devenu un grand classique).

– Et même prendre des photos dans un faux jet privé, qui est loué comme décor à des influenceurs.

Le problème, c’est que la plupart des faux riches resteront pauvres, pour deux raisons :

La première, c’est que les gens ont un sixième sens en ce qui concerne ce genre de choses. Quand on voit comment s’habillent Mark Zukerberg ou d’autres ultra-riches, et quand on compare ça à la façon dont se fringuent les jeunes dans les banlieues défavorisées, on sait détecter qui est riche et qui ne l’est pas mais souhaite le paraître.

On le constate aussi dans nos familles et dans notre entourage : ceux qui exhibent le plus de symboles de statut sont souvent ceux, qui, justement, essayent de compenser ce qui leur manque par des preuves de succès.

Le vrai riche n’a rien à prouver, et au contraire, il essaye souvent de rester discret. Parce qu’il a pu constater qu’exhiber ses sous, ça engendre toute une série de problèmes et de risques.

L’abus de preuves, d’ailleurs, est une erreur de débutant. Quand on n’est pas sûr de soi, quand on souffre du syndrome de l’imposteur, on a tendance à multiplier les preuves. À essayer de se justifier par tous les moyens, surtout quand ce n’est pas nécessaire.

Et ça produit l’effet inverse de celui qui était souhaité : au lieu d’être convaincus, les gens deviennent méfiants.

Par exemple, imagine que tu veuilles acheter une voiture d’occasion et que le vendeur t’assomme sous les preuves, alors que toi tu n’avais rien demandé :

« Je vais vous prouver que cette voiture n’a pas été volée. Voici tous les papiers, vérifiez par vous-même. Il n’y a rien à craindre. »

« Je vais vous prouver que le compteur n’a pas été trafiqué. Ne vous inquiétez surtout pas. »

« Voici les preuves que cette voiture n’a jamais eu d’accident. Vous pouvez vraiment me faire confiance, je vous le garantis. »

Un vendeur qui n’aurait pas essayé de prouver tout ça, qui n’aurait même pas abordé ces sujets à moins que tu lui poses des questions… Est-ce que tu ne lui accorderais pas davantage de confiance ?

À vouloir trop prouver, on finit par rendre les gens méfiants.

Quelqu’un qui dit vrai, qui n’a rien à se reprocher, qui est sûr de son produit, il n’a pas besoin d’en rajouter. Et il est souvent plus discret, plus posé, plus détaché.

Le faux riche, donc, se tire une balle dans le pied. Il suscite la méfiance de tous ceux qui ont un peu vécu, et qui ont de la bouteille. Et il ne réussit à convaincre que les jeunes et les publics facilement influençables, qui ne sont pas ceux qui ont le plus de budget disponible…

La deuxième raison pour laquelle les faux riches resteront pauvres, c’est la surenchère :

Des centaines de milliers d’influenceurs utilisent les mêmes artifices qu’eux aujourd’hui, et ils sont de plus en plus nombreux. Pour rester dans la course, il faut exhiber des symboles de richesse de plus en plus chers.

Le paroxysme a été atteint avec MrBeast, qui distribue 450 000 $ pour faire une vidéo, ou qui dépense un million de dollars en 24 heures (attention : ces vidéos font mal aux yeux).

Le faux riche, vu qu’il est pauvre, se retrouve largué face à ça. Ses symboles de statut sont de plus en plus dérisoires, de plus en plus risibles, à côté de ceux qui sont exhibés par les influenceurs.

Et plus ça va, plus il se met à ressembler à ce genre de kékés qui font le tour du quartier avec la seule BMW qu’ils ont pu s’acheter : une occasion de 1995 rafistolée de partout, la musique à fond, avec des néons sur le dessous de caisse.

Parle d’un statut social…

Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est que les influenceurs font un tout autre métier que les coachs business. Les influenceurs ont un seul but : capter et maintenir l’attention. La plupart d’entre eux ne sont pas là pour vendre des formations business. Et n’utilisent pas ces symboles de richesse pour prouver quelque chose, mais dans le seul but d’attirer les clics.

Les faux riches devraient observer la dégaine de Warret Buffet, de Mark Zukerberg ou de Bill Gates.

Puis la comparer à celle des jeunes des banlieues défavorisées.

Et se demander si leurs choix sont vraiment cohérents…

Mon conseil aux faux riches, c’est de refourguer le plus vite possible tout leur stock de déguisements et de jouets dorés à Emmaüs ou à une bonne œuvre. Ou bien de tout jeter.

Puis de constater quels résultats on peut avoir quand on arrête de se cacher sous un masque. Quand on arrête d’exhiber constamment des preuves. Quand on arrête d’être sur la défensive à chaque seconde, par peur que le décor craquelle et que les gens découvrent ce qu’il y a vraiment derrière.

La plupart des vrais entrepreneurs qui achètent des formations business, ils le font parce qu’ils sont fascinés par une idée, par une approche, une méthode, un regard sur un savoir-faire.

Ils le font aussi parce qu’ils font confiance à celui ou celle qui les crée. Parce qu’ils le connaissent. Parce qu’ils accrochent avec sa personnalité ou sa philosophie.

Ce sont les clients les plus fidèles, et ce sont aussi ceux qui ont le plus de budget à allouer à ce genre de choses, parce que leur activité en ligne est leur vrai métier.

Quand on vend à des gens qui sont impressionnés par des images qui brillent, on vise un public jeune et défavorisé, qui n’est pas sérieusement impliqué dans le sujet, et qui ne sera donc pas fidèle, en plus de ne pas avoir de fonds.

Pour vendre à ce public, il faudra utiliser des outils marketing poussifs, se transformer en marchand de tapis, faire de grosses promesses…

C’est difficile, ça apporte beaucoup moins de satisfaction personnelle, et c’est une voie qui est complètement saturée.

On a tous fait des erreurs, surtout quand on a débuté. Mon conseil aux faux riches, c’est de tomber le masque, de se montrer tels qu’ils sont, de prendre le temps développer une vraie philosophie ou un regard sur leur sujet, et de bâtir une activité stable et durable autour de ça.

C’est beaucoup moins stressant, ça permet d’être fier de ce qu’on crée, et ça donne de bien meilleurs résultats.

Je continuerai cette série de portraits demain : j’ai déjà publié lors des derniers jours le portrait du requin du web, celui du procrastinateur de l’extrême, celui du copieur, celui du premier de la classe, et celui de la mouche. Je terminerai par mon propre portrait.


📷 La photo du jour :

Réunion de famille


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