Dans le milieu des créateurs du web, on voit beaucoup de copieurs.
Le copieur, c’est l’idiot qui regarde le doigt quand le sage est en train de pointer la lune.
Il y a quelques années, un créateur filmait des vidéos originales, qui ont donné naissance à tout un courant sur YouTube.
Son nom, c’est Casey Neistat. Il parlait beaucoup de créativité, et il avait pour habitude de personnaliser les objets qu’il utilisait. Il avait peint la monture de ses lunettes, par exemple. Et ces fameuses lunettes sont devenues sa marque de fabrique.
Les idiots regardaient le doigt au lieu d’observer la lune : ils copiaient ses lunettes, au lieu de copier sa créativité.
C’est un peu comme si tu te coupais les cheveux dans l’espoir de devenir aussi riche que Jeff Bezos. Ça ne ressemble à rien.
Quand on est face à une création qu’on admire, il y a deux choix possibles : utiliser cette admiration comme un moteur, comme une inspiration pour créer à son tour quelque chose de beau et d’unique. Et développer son propre style, comme la personne qu’on admire a développé le sien.
Ou bien copier les lunettes, au lieu de copier l’élan créatif. Regarder le doigt, au lieu d’observer la lune.
Le pire, avec les copieurs, c’est qu’ils sont souvent trop bêtes pour comprendre qu’ils font du mal à ceux qu’ils copient : ils les plagient parce qu’ils les admirent.
Ils pensent sincèrement qu’appliquer le message d’un créateur, ça revient forcément à devenir exactement comme lui, jusqu’à reprendre les mêmes mots exacts dans ses créations (histoire vécue), jusqu’au même logo ou vignettes YouTube (ça aussi c’est du vécu), la même couleur de site (vécu aussi), et ainsi de suite…
C’est un peu comme ces gens qui ouvrent un magasin en Asie du Sud-Est, et qui s’installent à côté d’une boutique qui a eu du succès, pour essayer de vendre exactement la même chose et de tenter de faire fortune à leur tour, en copiant la couleur de l’enseigne originale parce qu’ils croient que c’est le vert ou le rouge qui a porté chance au magasin initial.
Les copieurs s’étonnent qu’on s’irrite d’être copié, parce qu’ils pensent l’avoir fait de bonne foi : « Tu m’as inspiré, je veux donc devenir comme toi. C’est ça le but de ce que tu proposes, non ? Devenir comme toi ? »
Encore une fois : tu leur montrais la lune, et eux regardaient ton doigt.
Les copieurs ne sont pas des gens mauvais, pour la plupart : ils sont un peu les idiots du village de notre profession.
Ils sont comme un chien qui vient faire des câlins à son maître en gesticulant tellement qu’il renverse tous les bibelots qu’il y avait sur la table basse avec sa queue. Et qui ne comprend pas pourquoi on s’irrite devant les vases cassés : il a voulu bien faire.
Je continuerai cette série de portraits demain : j’ai déjà publié lors des jours passés le portrait du requin du web, et celui du procrastinateur de l’extrême. Je terminerai avec mon propre portrait.
Désolé, j’étais un peu énervé en écrivant celui-là… Il y a de l’histoire vécue derrière.
📷 La photo du jour :
La famille des chiens, au grand complet.
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