Tu as peut-être peur pour ton avenir : on lit partout que l’intelligence artificielle va nous remplacer.
C’est la raison pour laquelle je voudrais te parler des joueurs d’échecs.
En apparence, c’est un sujet qui n’a rien à voir. Et pourtant, ça fait bien une dizaine d’années que les ordinateurs jouent beaucoup mieux aux échecs que les humains.
Aujourd’hui, même les plus grands champions n’arrivent plus à battre les robots.
Est-ce que le public a délaissé pour autant les compétitions d’échecs entre humains, pour ne plus regarder jouer que des ordinateurs ?
La réponse est non. Les compétitions entre ordinateurs n’intéressent que quelques geeks ultra-minoritaires.
Les tournois qui plaisent encore et toujours aux passionnés, les tournois dont ils discutent entre eux, les tournois dans lesquels ils prennent du plaisir à supporter un joueur ou bien l’autre, ce sont ceux où il n’y a que des humains autour de l’échiquier.
Et si demain des robots se mettaient à jouer au foot avec davantage de talent qu’un Kylian Mbappé ou qu’un Lionel Messi, les fans de foot continueraient aussi à regarder des matchs où des humains courent après un ballon.
On s’intéresse rarement à un sportif, à un joueur, à un artiste ou à un créateur pour sa performance seule.
On s’intéresse à lui parce qu’il est humain. Parce qu’il nous ressemble. Parce qu’on peut s’identifier à lui.
Prends le cas des célébrités, par exemple. C’est un exemple extrême, qui démontre exactement la même chose :
Parmi les célébrités les plus suivies, beaucoup ne savent pas faire grand-chose. Elles n’ont pas de talent particulier. Elles n’ont pas de connaissances pointues dans un domaine précis.
Une intelligence artificielle pourrait souvent créer des contenus bien meilleurs que les leurs.
Et pourtant, les célébrités fascinent les foules. Pour une seule raison : parce qu’elles sont (parfois dramatiquement) humaines.
Elles ont des opinions sur tout. Elles ne cachent pas leurs émotions. Certains voudraient les avoir comme amies. Et leur parcours de vie inspire des foules entières.
Est-ce qu’elles sont remplaçables par une intelligence artificielle ? Non, parce que tout ce qui fait l’attrait d’une célébrité, c’est justement son humanité. Et dans certains cas (quand elle n’a ni talents ni compétences), SEULEMENT son humanité.
Je m’étais juré de ne plus parler d’intelligence artificielle, parce que le sujet sature nos écrans depuis quelques mois.
Mais je vois beaucoup de créateurs qui s’inquiètent pour leur avenir. Et j’ai envie de leur dire d’aller regarder ce qui s’est passé dans le milieu des joueurs d’échecs, quand les robots sont devenus meilleurs et plus rapides que les plus grands champions. J’ai envie de leur dire, aussi, de se demander pourquoi les célébrités sont suivies par tellement de gens, même quand elles n’ont aucun talent.
J’ai envie de leur dire, surtout, que le moment est venu d’exprimer leur humanité, davantage qu’ils n’ont jamais osé le faire depuis le début de leur carrière. D’arrêter de se filtrer. D’arrêter d’essayer de se donner une image policée.
J’ai envie de leur dire de faire ce que les robots ne sauront jamais faire : avoir du cœur, savoir parfois se montrer irrationnel ou vulnérable, s’ouvrir aux autres, exprimer leurs émotions, et faire des choix osés. Et s’autoriser enfin à se montrer tels qu’ils sont vraiment : des humains, avec tout ce que ça implique.
Voici deux citations que j’ai tirées d’un excellent article du blogueur CJ Chilvers, qui complètent bien cette réflexion :
« Vers qui vous êtes-vous tourné pour obtenir des informations fiables sur l’AI ? Pas vers l’AI. »
« L’AI ne résout en rien la partie la plus difficile de la création : avoir le courage d’exprimer une opinion en public. Le style n’est pas une opinion. »
Il faudra bien qu’on s’adapte au monde d’après. Et la meilleure façon de le faire, c’est probablement d’arrêter de se comporter comme si on était des robots.
📷 La photo du jour :
Un début de soirée sur la terrasse, avec une jonquille que j'ai arrachée par mégarde avec ma brouette... Et qui finira sa vie dans un vase.
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