« Nos adversaires, ce sont le bruit, la précipitation et la foule. »
– D’après Richard Foster.
J’aime beaucoup cette citation, parce qu’en décrivant les trois ennemis de la vie intérieure, elle décrit aussi les trois freins principaux à la créativité :
Le bruit, la précipitation et la foule.
Le bruit n’est pas que sonore : c’est aussi le flux d’informations en temps réel, les interruptions et tout ce qui menace notre capacité d’attention, la fragmentation qui consiste à passer du coq à l’âne une minute après l’autre, le multitasking…
La foule, c’est le nombre, la quantité.
Si j’interagis avec cent personnes en une journée, il me sera presque impossible d’avoir une conversation profonde avec aucune d’entre elles. Si je lis dix livres en même temps, sans prendre le temps de faire résonner les idées d’un auteur dans ma tête, si je fais la course à l’information et que j’essaye d’apprendre en me gavant de concepts et idées, je ne retiendrai pas grand-chose parce que je n’aurai pas pris le temps de méditer dessus, de les assimiler en profondeur, de me les approprier.
La précipitation est une cause majeure d’anxiété et de stress, parce qu’elle déclenche l’hypervigilance. L’hypervigilance, c’est l’état dans lequel on se trouve quand on se sent en danger ou qu’on est confronté à une urgence. Elle empêche toute prise de recul et toute réflexion à long terme. Elle bride la créativité, empêche de voir plus loin que le bout de son nez et nous pousse à prendre des décisions instinctives plutôt que réfléchies.
Un environnement propice à la création, c’est un environnement dans lequel on se protège du bruit, de la foule et de la précipitation.
Se protéger du bruit, ça commence par décider de faire une chose après l’autre, plutôt que de passer du coq à l’âne tout au long de la journée. Ça consiste à accorder toute son attention sur la tâche en cours ; à réserver la consultation des réseaux sociaux aux soirées, une fois qu’on a terminé sa journée.
Se protéger de la foule, ça veut dire choisir quelques auteurs ou « guides » que l’on décide d’étudier en profondeur pendant plusieurs années, au lieu de passer d’un « gourou » à l’autre, d’un influenceur à l’autre, et de ne jamais creuser au-delà de la surface d’un enseignement.
Se protéger de la précipitation, enfin, ça veut dire décider de suivre une routine saine et équilibrée, dans laquelle on a rarement besoin de travailler dans l’urgence et qui permet de lâcher du lest quand on en ressent le besoin.
On peut aussi faire des choix plus décisifs, comme celui de partir vivre au calme, loin de l’agitation de la ville. Ou de réduire le nombre des personnes avec lesquelles on échange régulièrement, pour pouvoir accorder davantage d’attention à celles qui font partie de notre vie. Ça peut vouloir dire, aussi, de se réorganiser pour vivre plus lentement, plus posément, plus profondément.
Peu importe les choix concrets que l’on fait, s’ils ont pour but de nous écarter du bruit, de la foule et de l’empressement, ils porteront énormément de fruits.
Ça peut être une bonne idée de prendre dix minutes aujourd’hui pour y réfléchir :
Quelles mesures concrètes est-ce que tu pourrais prendre, à la fois à court terme et à long terme, pour limiter ton exposition au bruit, à la foule et à la précipitation ?
📷 La photo du jour :
Une biche dans mon champ (au zoom, l'image est de mauvaise qualité). Il y en a souvent qui passent...
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