Il y a deux types de plateformes sur lesquelles on crée du contenu :
Celles qui dépendent d’un algorithme et celles qui n’en dépendent pas.
Par exemple, lorsque tu crées une vidéo sur YouTube ou que tu publies quelque chose sur Instagram, ton objectif, c’est que ce contenu soit vu.
Et pour qu’il soit vu, même de tes propres fans, de ceux qui ont manifesté l’intention de voir ce que tu publies en prenant la décision de s’abonner à ta chaîne ou de te suivre, tu es dépendant d’un algorithme.
Ça a donc tendance à t’inciter à faire ce que cet algorithme te demande : des contenus qui surprennent, qui choquent, qui dérangent parfois, des contenus arrogants peut-être, ou même carrément humiliants à publier.
De l’autre côté, il y a les supports et les plateformes sur lesquelles tous tes inscrits, abonnés ou fans, reçoivent l’intégralité du contenu que tu y publies.
C’est le cas des newsletters, des podcasts ou des canaux Telegram, par exemple.
Et ça ne m’étonnerait pas que ce soit sur ce type de supports que tu publies ton meilleur contenu. Que ce soit sur ces supports que tu es vraiment toi-même et que tu es fier de ce que tu partages.
Parce que tu n’as pas besoin de te conformer à un algorithme, tu peux donc dire exactement ce que tu veux, de la façon dont tu le veux.
Tu n’as pas besoin d’essayer de capter l’attention. Tu n’as pas besoin de faire le guignol. Tu n’as pas besoin d’être arrogant, ni de déranger, ni de choquer, ni d’impressionner. Tu n’as pas besoin de jouer à l’amuseur public pour que tes fans puissent voir les contenus que tu as créés pour eux.
Ça, on le sait. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans notre métier, la seule et unique utilité des plateformes à algorithmes, c’est d’y trouver de nouvelles personnes afin de leur donner envie de s’inscrire sur les supports sans algorithmes sur lesquels on publie notre vrai travail (la plupart du temps, une mailing-list).
Mais il y a autre chose à laquelle on devrait réfléchir davantage :
C’est l’impact que les plateformes à algorithmes ont sur notre propre personnalité. Sur le fait qu’on soit « quelqu’un de bien », ou au contraire, qu’il soit difficile de se respecter soi-même.
Parce que les algorithmes favorisent les comportements et attitudes mauvaises et toxiques : arrogance, réglages de comptes en public, harcèlement de tel ou tel concurrent, vantardise, approches extrêmes qui manquent de nuance (soit c’est tout blanc, soit c’est tout noir), monopolisation de l’attention (attitude « grande gueule »).
En dehors des réseaux sociaux, dans la vraie vie, ces attributs font de quelqu’un une personne que les gens tendent à éviter. Ce sont des attitudes qui sont néfastes, à la fois pour soi et pour les autres. Et on désigne communément une personne qui possède ce genre de caractéristiques de « gros con ».
Mais sur les plateformes à algorithmes, c’est ça qui marche…
Or, quand un créateur — à l’origine tout à fait humain, nuancé et mature — y obtient un certain succès, sa personnalité se met parfois à changer :
Comme c’est l’attitude de « gros con » qui lui a permis d’avoir du succès sur ces plateformes, il est tenté d’en faire l’intégralité de sa personnalité.
Il se dit parfois : « La personne que j’étais avant, ce n’était pas le vrai “moi”. Je vais maintenant faire mon identité des attributs qui m’ont permis de réussir, et changer. »
Et c’est comme ça qu’ils deviennent des gros cons.
Je suis passé par la même chose : je parle donc en connaissance de cause. Pendant plusieurs années, YouTube m’avait transformé en gros con.
Puis, de plus en plus, je me suis mis à créer du contenu pour des plateformes sur lesquelles il n’y a pas d’algorithme.
Peu à peu, je suis redevenu moi-même. Et je me sens beaucoup mieux dans ce rôle-là, qui est vrai.
Bref. L’objectif de ce texte est d’alerter les créateurs qui me suivent, en les suppliant de prendre garde :
Ne vous identifiez pas au personnage que vous avez construit pour vous conformer aux algorithmes. Ce n’est pas vous.
Et même si votre activité ne vous demande pas de créer pour des plateformes ou supports sans algorithmes, faites-le quand même de temps en temps, pour vous retrouver. Pour vous souvenir de qui vous êtes.
C’est dommage qu’on en soit arrivé au point où il faille préciser ce genre de chose. Mais c’est un fait : les réseaux sociaux transforment les créateurs en gros cons, s’ils n’y prennent pas garde.
La raison principale, c’est qu’ils mesurent tout en termes d’engagement. Plus ta vidéo génère d’engagement (c’est-à-dire de likes, de commentaires et ainsi de suite), plus elle sera mise en avant.
Mais le problème, c’est que la façon la plus simple de créer de l’engagement, c’est d’être un gros con :
Par exemple, si je vide mes poubelles devant la porte de mon voisin, il va sortir de chez lui et m’insulter : j’aurai créé de l’engagement.
Si je crache sur les gens qui sortent du métro, ils vont me mettre une baffe, ou au moins, me répondre : là aussi, j’aurai créé de l’engagement.
Si je renverse le fauteuil roulant d’une grand-mère ou que je la pousse dans un escalator, les passants vont se révolter, appeler la police, venir en aide à cette pauvre dame : j’aurai également créé de l’engagement.
Mais ce n’est pas parce que j’ai créé de l’engagement que j’ai fait quelque chose de bien…
Pire encore : j’ai plus de chances de pouvoir créer de l’engagement si je suis un gros con.
Les algorithmes des réseaux sociaux qui reposent sur l’engagement nous incitent à devenir le pire de ce qu’on peut être. C’est donc important, plus que jamais, de prendre ses distances par rapport à ça si on ne veut pas devenir un gros con pour de vrai.
📷 La photo du jour :
J'ai organisé tout mon intérieur pour qu'il soit "cat-proof" :
Si tu as des chats chez toi, l'idéal, c'est d'opter pour un canapé dans ce genre, en dur : tu peux changer la couverture, les housses des coussins s'ils sont trop abîmés par les griffures... Mais canapé en lui même restera intact !
C'était le conseil du jour :)
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