Le vrai problème de ChatGPT, le problème dont personne ne parle…
C’est la perte de sens.
Perdre le sens de son travail, c’est une chose sérieuse. Ça peut mener à un vide existentiel, et c’est même aussi l’une des causes de la dépression.
Si c’est ChatGPT qui a trouvé l’idée de ton prochain article ou de ta prochaine vidéo, et s’il en a rédigé les trois-quarts, est-ce que c’est vraiment ton article ? Est-ce que tu peux vraiment te l’approprier ? En être fier s’il est vraiment bon ?
La grande satisfaction qu’on tire d’une activité créative, la raison pour laquelle créer fait tellement de bien, c’est ce sentiment d’avoir construit quelque chose de beau ou d’utile, par soi-même. À partir de sa tête, de son cœur ou de ses mains.
Bien sûr, il y en a d’autres qui créent uniquement pour obtenir un résultat : ceux-là arrêteraient d’écrire ou de peindre s’ils pouvaient gagner davantage en vendant des boîtes de conserve ou de l’insecticide.
Mais il y a aussi ceux qui écrivent parce qu’ils aiment écrire. Ceux qui font des vidéos parce que ça leur permet de se sentir exister. Ceux qui composent des chansons parce qu’ils ne vivent que pour ça.
Parfois, ils pourraient gagner plus en faisant quelque chose qu’ils n’aiment pas. Comme vendre de l’insecticide ou des boîtes de conserve. Mais ils ont choisi une carrière qui peut leur apporter de la satisfaction tout au long de leurs journées, et pas seulement au moment où ils se font payer.
Et pour eux, utiliser des outils qui font le travail à leur place, c’est perdre le plaisir qu’ils prennent à créer.
Comme tout le monde, j’ai essayé de voir comment Chat GPT pourrait m’aider dans mon travail. Et je me suis rendu compte que je préférais passer plus de temps à écrire un article par moi-même en y prenant du plaisir, en étant capable de me l’approprier, en étant fier de mon travail une fois la rédaction terminée, que d’y passer moins de temps et de perdre tout le bonheur que j’y trouvais.
Le vrai risque de ces outils, le plus immédiat, ce n’est pas qu’ils nous remplacent.
C’est qu’ils nous fassent perdre le sens qu’on donne à notre travail. Qu’ils transforment le plaisir de créer en activité mécanique. Qu’ils nous privent de pouvoir nous approprier nos créations comme étant nos bébés. Qu’ils nous privent de la saine fierté qu’on ressent quand on a créé quelque chose de beau ou d’utile. Qu’ils nous fassent nous dire : « À quoi bon ».
On est en 2023, et pourtant, certains romanciers et pas des moins connus, écrivent encore à la main avec un stylo. Et de plus en plus de gens circulent en vélo, alors qu’ils ont les moyens de s’acheter une voiture…
Tu n’es pas obligé d’utiliser un motoculteur si ça te procure du plaisir d’entretenir ton potager à la main, et que ça te défoule de labourer la terre après une journée de travail sur ordinateur…
Tu n’es pas obligé d’utiliser autotune si tu trouves de la fierté à chanter juste, et que tu aimes travailler à améliorer ta voix…
Tu n’es pas obligé d’aspirer le salon avec un Roomba si tu aimes faire le ménage chez toi avec un balai, et que c’est un rituel qui t’aide à te vider la tête après une journée difficile…
Tu n’es pas obligé d’aller au bureau en voiture si tu apprécies prendre l’air et y aller en vélo, même si tu as le budget pour en acheter une belle…
Tu n’es pas obligé d’utiliser une liseuse si tu apprécies l’odeur du vieux papier et que tu aimes collectionner les livres dans ta bibliothèque…
La technologie n’a pas tué l’analogique, bien au contraire. Les vraies choses font leur retour dans bien des domaines, parce que beaucoup y trouvent davantage de sens et de satisfaction.
Il ne s’agit pas de vivre comme les Amish ni de se nourrir de cueillette. Il s’agit juste de savoir faire la part des choses et de se demander :
Quelle technologie peut m’être utile parce qu’elle remplace quelque chose que je n’aime pas faire, et que je n’aimerai jamais faire ?
Et de quelle technologie est-ce que je devrais me passer, parce qu’elle détruirait tout le plaisir et le sens que je trouve aujourd’hui dans quelque chose que j’aime faire ?
Même dans 20 ans, dans 50 ans, dans 200 ou 500 ans, il y aura encore des auteurs qui écriront en n’utilisant que leurs idées et leurs doigts. Certains, même, écriront encore à la main, sur papier.
Comme d’autres en 2023 prennent encore du plaisir à faire de la calligraphie médiévale, de la marche à pied ou des soirées au coin du feu.
Ces choses-là ne meurent jamais.
📷 La photo du jour :
Après presque un an à braver la boue, j'ai enfin une route pour accéder à chez moi.
Ce n'est pas la plus belle route du monde, mais elle fait l'affaire.
Par contre, il faut toujours rouler dans une rivière pour y accéder... Et ça fait partie de ce que j'aime ici !
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